Les préconisations pour un troisième Plan Cancer après le bilan du second
Plusieurs actualités soulèvent des questions dans le champ de la lutte contre le tabagisme.Tout d’abord, la remise du bilan du Plan Cancer 2 (2009-2013). Le point noir de ce rapport concerne la prévention. Ce rapport souligne les manques du plan Cancer 2, puisque tout d’abord seules 60% des actions du Plan Cancer 2 ont été réalisées ou le seront d’ici la fin de 2013. Ces lacunes concernent tout particulièrement la prévention car seules 21 actions (sur 37) ont été réalisées dans ce domaine, notamment dans le cadre de la prévention dans le cadre du tabac. L’Institut National du Cancer (Inca) souligne un retard dans
l’application de la mesure 10-1 visant à réduire l’attractivité du tabac et de la mesure 10-2 visant à renforcer la politique d’aide au sevrage tabagique. La consommation n’a ainsi pas diminué en France alors même qu’elle est la première cause de décès liée au cancer en France. De même, les inégalités sociales au sein de la consommation tabagique sont toujours fortes, avec une augmentation de celle-ci chez les chômeurs. La mesure 10-2 du Plan Cancer 2 reposait sur un triplement du forfait de prise en charge au sevrage tabagique, étendu aux bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) comme cela avait été prévu. Cela n’a ainsi pas été réalisé.
Autre plan cancer, autres espoirs… Le Professeur Paul Vernant a remis son rapport sur les recommandations dans le cadre de la préparation du Plan Cancer 3 (2014-2018) vendredi 30 août. Celles-ci exposent clairement les remèdes à un échec de la politique préventive dans le cadre de la lutte contre le tabagisme.
Si la hausse du coût du tabac est une solution considérée comme universelle, notamment du point de vue des Ministères en charge des finances et du budget, l’accompagnement nécessaire pour l’arrêt du tabagisme est souvent oublié ou considéré comme accessoire. Le rapport rappelle ainsi qu’à une hausse du prix du tabac doit impérativement être adjointe un accompagnement. D’abord parce que ces augmentations touchent plus particulièrement les milieux défavorisés, qui sont les plus sujets à une forte consommation.
La solution de cette prise en compte des difficultés à arrêter passe par un soutien économique des efforts de sevrage. Le rapport rappelle par ailleurs que le remboursement des traitements à la dépendance tabagique est recommandé depuis presque dix ans -la Haute Autorité le recommandait dans un rapport daté de 2006, ce que la Cour des Comptes a répété dans son rapport de 2013. Enfin, dans ses propositions pour 2014 visant à « améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses », l’Assurance Maladie préconisait d’optimiser la prise en charge des traitements nicotiniques de substitution en triplant donc la revalorisation du forfait de prise en charge, de 50 euros à 150 euros, pour les bénéficiaires de la CMU et de promouvoir ce forfait de prise en charge auprès des patients n’ayant pas les revenus nécessaire pour un accompagnement du sevrage tabagique. Enfin, en février 2013 les députés Denis Jacquat et Jean-Louis Touraine soulignaient cette nécessité économique dans leur rapport d’évaluation des politiques de lutte contre le tabac. De là à en conclure qu’une dynamique est (enfin) en marche, il n’y a qu’un pas…
Quittons la France pour nous intéresser à l’Europe. L’Union Européenne, elle, semblait très volontaire dans le cadre de la lutte contre le tabagisme mais cette volonté politique connait des ralentissements…
Un report du débat sur la directive cruciale anti-tabac
Le texte proposé par la Commission européenne, qui attend l'approbation du Parlement européen, préconise « d'harmoniser » les différentes réglementations en vigueur au sein des 28 pays. L'idée serait de soumettre « tous les produits contenant de la nicotine à une réglementation relative aux médicaments ». Plus précisément, cette directive explorerait les trois champs suivants :- un message sanitaire avertissant des dangers du tabac couvrant 75% du paquet (il faut noter qu’un des amendements proposés par Linda McAvans, rapporteur sur cette directive au Parlement européen préconise de diminuer à 50% la surface couverte)
- l’interdiction des cigarettes slims qui font beaucoup d’afficionados parmi les femmes
- le classement de la vente de cigarettes électronique en médicament et la suppression de ses arômes.
Cette directive est donnera le « la » en matière de lutte anti-tabac au sein de l’Union européenne. Les différents acteurs, dont bien sur l’industrie du tabac, en sont conscients. L’activité de lobbying est ainsi intense dans les couloirs du Parlement européen. Et les parlementaires du groupe PPE (le Parti Populaire Européen, la « droite » du Parlement) ont obtenu le report de cette séance plénière, devant ouvrir le débat sur cette directive, initialement prévue le 10 septembre, au 8 octobre.
L’interdiction de la cigarette électronique fortement débattue
Il faut noter certaines réactions négatives provenant de la part d’« anti-tabac » qui estiment que la cigarette électronique serait le meilleur moyen de permettre vraie diminution de la consommation.« Cela fait plusieurs dizaines d'années qu'on essaye de réduire le tabagisme. On a vraiment besoin de cette alternative parce que c'est une vraie révolution », plaide Jacques Le Houezec, conseiller en santé publique. D’autres tels Yves Bur, Président de l’Alliance contre le tabac, ont déclaré que « Si la vente était limite aux pharmacies, cela serait un frein au développement de ce moyen de se passer de cigarettes ordinaires ».
Cependant nous ne connaissons pas encore tous les effets de la cigarette électronique, notamment des arômes qu’elle contient. Par ailleurs, la cigarette électronique contient pour une majorité d’entre elles de la nicotine. plus, la consommation de la cigarette électronique est pointée comme une « porte d’entrée » des jeunes vers la consommation tabagique, à travers con côté plus ludique au premier abord.
A ce sujet, les Sénateurs français viennent de voter l’interdiction de la vente de cigarette électronique aux mineurs contenue dans le projet de loi relatif à la consommation. Cet amendement, rajouté lors de la première lecture du texte à l’Assemblée Nationale par le député Jean-Louis Touraine (Art. 17 TER), interdit non seulement la vente de cigarettes électroniques mais également de « toute autre forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer » ainsi que des « liquides, contenant ou non de la nicotine » consommés avec ces objets.
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