vendredi 19 juillet 2013

Encore une augmentation des prix des cigarettes et du tabac à rouler...

Après la hausse des prix des produits du tabac le 1er octobre dernier, le Ministère de l’Economie et des Finances a décidé d’une nouvelle augmentation qui s’applique depuis le 15 juillet.
Le prix du paquet de cigarettes a augmenté de 20 centimes. Le paquet le moins cher coûtera 6,30 euros et le plus cher sera de 6,80 euros. Le prix du tabac à rouler augmentera quant à lui de 40 centimes.

Pas sûr que cette augmentation ait un réel impact sur la baisse de consommation de tabac en France.
Les derniers chiffres publiés par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) en 2012 font état d’un tassement des ventes de cigarettes autour de -9%. L’OFDT attribue cette évolution aux dernières augmentations de la fiscalité des produits du tabac du 17 octobre 2011 et du 1er octobre 2012. Pourtant, ce tassement ne traduit pas à lui seul une baisse de la consommation, en raison de la difficulté à estimer le marché des achats transfrontaliers et de la contrebande.

 

La nécessité d’une augmentation des prix du tabac d’au-moins 10%

Il a par ailleurs été démontré à de très nombreuses reprises, tant par le Haut Conseil de la Santé Publique (voir les avis de février 2010 et septembre 2012), le rapport de Monsieur Yves Bur de février 2012 ou encore le Rapport d’évaluation de la Cour des Comptes sur les politiques de lutte contre le tabagisme publié en décembre 2012 qu’une augmentation des prix d’au-moins 10% est nécessaire pour diminuer sensiblement la consommation de tabac.

L’augmentation de 34% des prix du tabac en 2002-2004 avec le premier Plan Cancer s’est accompagnée, d’une forte diminution des ventes de tabac, -37% par adulte de plus de 15 ans. Après le semi-échec du Plan Cancer 2 dans ce domaine, le Plan Cancer 3 qui sera présenté fin 2013 devra inverser la tendance actuelle et revenir aux bons résultats du début des années 2000.

 

Les chiffres sans appel du tabagisme en France


  • 12 millions de françaises et de français fument régulièrement en France ce qui correspond à 73 000 morts par an, soit 200 morts par jour !
  • 15 milliards d’euros de taxes affectant les produits du tabac au régime général de la sécurité sociale en 2012
  • 12 à 18 milliards d’euros ont été annuellement dépensés pour la prise en charge des pathologies liées au tabagisme en 2012
  • seulement 23 millions d’euros ont été affectés par l’Assurance Maladie Obligatoire au remboursement du forfait annuel de 50 euros et spécifique de 150 euros pour les traitements de sevrage tabagique en 2012
 

Vers une prise en charge intégrale du sevrage tabagique en France


Présentée en février 2013 à un aréopage d’agences publiques sanitaires françaises, l’étude de l’Unité de Recherche Clinique en économie de la santé d’Ile-de-France (URC-ECO) propose une évaluation coût-efficacité de la couverture à 100% de la prise en charge médicale du sevrage tabagique en France. Cette couverture intègre la gratuité annuelle des prescriptions de consultations de tabacologie et de l’ensemble des produits du sevrage tabagique.

En effet, parmi les maladies liées au tabagisme, trois sont en cause dans plus de la moitié des décès : le cancer du poumon (90%), la broncho-pneumopathie obstructive (60%) et les maladies cardiovasculaires (13%). Toutes trois sont prises en charge à 100% par l’Assurance Maladie au titre des affections de longue durée (ALD) et représentent 3,4% des dépenses annuelles de celles-ci. Le surcoût est de 2,34 milliards pour les maladies cardiovasculaires, 1,2 milliard pour la BPCO et 900 millions pour le cancer du poumon. Depuis 2007, les fumeurs qui décident d’arrêter bénéficient d’un forfait annuel de seulement 50€ pour l’achat de produits du sevrage tabagique.

Quel serait l’impact de dépenses de santé d’une couverture totale de la prise en charge médicale du sevrage tabagique ? Aussi le rapport coût/efficacité de chaque stratégie a été analysé par l’équipe de chercheurs en prenant en compte les coûts évités par la diminution de fréquence de chacune de ces trois maladies et l’impact budgétaire de cette action de prévention. Appliquant le modèle de Markov pour comparer la stratégie actuelle de remboursement forfaitaire (50€) à celle d’une prise en charge financière complète d’un programme d’arrêt du tabac, la stratégie de remboursement à 100% du sevrage tabagique est dominante, et en plus elle est bénéfique pour les fumeurs et pour les comptes de la sécurité sociale. Un euro investi dans le sevrage tabagique pourrait économiser 6,6 euros.

Les résultats sont d’autant plus intéressants qu’ils peuvent être immédiatement réutilisés par le payeur public pour mener des politiques de lutte contre le tabagisme efficientes et non à l’aveugle.

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